REFLETS DE CANNES, Toro en playa.
Né en 1947, le Barnum mondial du cinéma fête cette année , sa 76iéme édition. Celle de 1959 fut éminemment taurine.
A la fin des années cinquante, un jeune quadragénaire François Chalais et son épouse France Roche créent à la Radiodiffusion Télévision Française (RTF) une émission intitulée « Reflets de Cannes » à l'illustration sonore « jazzy ».
Une personnalité (un rien désabusée) entre Philippe Labro et Jean D'Ormesson, avec une voix prés de la basse noble, le journaliste couvrira par sa chronique, le festival de Cannes, dans un style novateur, que l'on appelait avant-gardiste.
Le 8 mai 1960, l'éleveur Aimé Gallon présentera ses novillos dans un arène au bout de la Croisette.
Arène sur la plage, pas de plage !
François Chalais commente des images aériennes de Cannes : le port, la Croisette avec le Palais des festivals, la plage, les hôtels (le Carlton) et les immeubles, une corrida au cours de laquelle le torrero est mis à mal par le taureau, l'élection de miss festival, un petit chien qui joue sur la plage remplie de monde, les transistors, les chapeaux, déjeuners officiels, promenades dans les environs au château de La Napoule.
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Le cartel initial était : Manolo Vasquez, Gregorio Sanchez, Victoriano Valencia, Rafael Ortega et Pierre Schull.
Ces deux derniers constitueront la base du deuxième cartel après défection des premiers cités, auxquels se joignirent Mario Cabré et Oscar Cruz.
Rafael et Pierre seront corrects et dignes- regular.
Mario Cabré « el Torero de la suprema elegancia » ( 4ième torero d'alternative de Catalogne) souffrait du syndrome de l'acteur. Torero à la ville, et à l'écran notamment dans « Pandora » et le « Hollandais Volant » d'Albert Lewin. Il fut également le soupirant d'Ava Gardner, beaucoup à l'écran, peu à la ville.
Devant un novillo très noble, il jouera très mal sa partition.
Oscar Cruz, « le practico », acteur mexicain venu à Cannes, car il était la vedette masculine, du premier film de Carlos Saura présenté au festival, « Los Golfos »,
Il fut le plus en vue, avec notamment des séries de naturelles, bien rematées.
Après une faena de plus de vingt minutes, le toro eut l'élégance (caméras obligent) de rester figé quelques instants, après l'estocade factice. Car le spectacle se déroulait au simulacre de mort.
Daniel Schmit qui vivait à Nice, assurera le reportage pour la revue Toros.
Il conclut son article par : « les novillos sortirent excellents, permettant chacun un travail très honorable pour qui voulait ou savait ».
Cette année là au festival de Cannes, le prix d'interprétation masculine ne fut pas attribué.
Denys Colomb de Daunant présenta officiellement pour la France son court métrage « Corrida Interdite » en 1959.
Oscar Cruz pouvait se consoler car son rôle taurin s'était déroulé devant Pablo Picasso, venu en voisin de Vallauris, Sofia Loren et Ava Gardner, entre autres …
Le reflet de François Chalais ne s'est pas estompé dans la cité cannoise, car chaque année un prix éponyme récompense un film voué aux valeurs du journalisme.
Après Vallauris, Fréjus, Nice, Cannes eut son aventure taurine.
Jacques Lanfranchi
« El Kallista »
samedi 20 mai 2023
Bibliographie :
- In Toros n°645 mai 1960
- Pierre Schull , le rêve brisé Jacques Lanfranchi (2002)
Crédits photos collection privée
- Pierre Schull et la peña Ricard à Cannes (1960)
- Affiche « los golfos » : Oscar Cruz de salon.