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ECKMÛHL : FIEF D'AFICION ORANAISE.

 

 

 

Il y a quelques années, un jeune aficionado m'affirma sur un ton péremptoire que le nom des arènes d'Oran était d’origine arabe ECKMÜHL – la phonétique peut tromper !

Récemment, un copain que je remercie ici Monsieur Nasser Moussaoui m'a offert cette photo du ruedo oranais.

Donc acte pour ce petit voyage taurin en terre d'Oranie au milieu du 20 ième siècle. Oran surnommée la Radieuse, voire l 'Andalouse.

Sa population était à 60% d'ascendance espagnole, avec des origines Sud de l'Espagne (Almeria, Alicante) mais aussi Valencia. Des familles Alarcon, Alcade, Aledo aux Vilancos, Vilavera, Zaragosa, le panel des patronymes ibériques était très large.

L'établissement d'une plaza de Toros était incontournable.

Il y a eu cinq arènes à Oran, la cinquième était à l'opposé du centre ville, par rapport à la quatrième dite « Gambetta ». Elle fut construite dans le quartier ECKMÜHL, l’appellation commémorant une victoire de Napoléon Bonaparte, sur les autrichiens en 1809.

L'inauguration des arènes éponyme, se fit en 1910 en deux temps, la première en mai : course au raset , bétail de Lescot. La seconde, fête nationale oblige , le 14 juillet avec Vicente Pastor et Mazzantinito (Toros Concha y Sierra).

Sur plus d'un demi-siècle, le lustre des spectacles et de l'arène s'étiolera, cette dernière deviendra un lieu de stockage d'alfa (plante servant à fabriquer le papier).

En 1953, l'audois Paul Barrière reprend les rênes de l’amphithéâtre et porte sa capacité à 13000 places (similaire à Arles).

L'inauguration se fit le 13 mars 1954 avec Domingo et Rafael Ortega, Damaso Gomez. Toros Manolo Gonzales Martin avec l’incontournable présence des protectards SPA.

Cette même année fut créée la première école taurine d'Oran avec son professeur Directeur Facundo dit « El Manco » (le manchot).

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La photo qui illustre l'article, date du 7 octobre 1956.

Présentation du maestro Luis Miguel Dominguin, et retour aux affaires taurines après trois ans d'absence (blessure au Venezuela).

Il est accompagné de Paco Corpas, et de Jumillano, toros de Samuel Florés.

Ce fut le seul et unique « no hay billetes », même la venue des Platters (1), ne remplira pas le coso.

Pour les plus jeunes, la photo est un véritable Jurassic Park automobile : une 203 Peugeot bleu foncé, une Traction Avant noire, une Aronde Élysée bleu clair, à droite deux Juva Quatre, tête bêche sable (capot bêche?).

 

La présence des militaires souligne que nous sommes en pleins événements d'Algérie.

Le 6 juin 1958, dans le stade Fouques Duparc, le général De Gaulle clamera : « La France est ici pour toujours ».

Cette même année Paul Barrière cédera la direction à Vicente Jorda.

L'histoire taurine d'Oran s’arrêtera définitivement en 1959, celle du département 92 en 1962.

A Perregaux, situé à la périphérie d'Oran (les habitants se nomment les Périgaulois), existait un élevage de toros bravos. Il fut organisé dans ce même lieu sous la houlette des arènes oranaises le seul et unique championnat de Toros Ball au monde .

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Je brinde ce texte au président de la Fédération des Sociétés Taurines de France (FSTF) qui fut également à une époque celle d'Algérie (FSTFA)Monsieur Dominique Valmary.

 Jeudi 25 août 2016

Jacques Lanfranchi

« El Kallista »

8MAS

 

photos

1 collection privée

2 colllection Georges Pillon

3 collection Alain Perez (Oran des années cinquante)

 Bibliographie : La Tauromachie au Maghreb (Pierre Dupuy UBTF 2012)

 

(1) PLATTERS : groupe vocal américain des années cinquante dont l'apogée fut les années 54-55 avec le célèbre « Only You »