UNE JOURNEE PARTICULIERE

En 1977, Ettore Scola signe un de ses chefs d’œuvre : Una giornata particolare » avec le duo magique Marcelo Mastroiani, Sofia Loren. .

Un moment d'abstraction, le passage dans une autre dimension (la quatrième ?), le détachement du quotidien.

J'ai perçu cette sensation , avec le groupe Mexico Aztecas y Toros et Jean François Nevière « El Presidente », le 6 février 2016.

La couleur n'était pas le sépia du réalisateur italien mais les couleurs fortes, et lumineuses du Mexique. La vedette, Rodolfo Rodriguez « El Pana », natif d' Apizaco, un des derniers toreros romantiques.

Sur le script, il était prévu une tienta à la ganaderia Guadalupana, propriété del Señor Juan Flores Chaves.

Départ à Potron-minet, et cinq minutes avant , Arrivée du Maestro !

Fidèle à la légende, grand chapeau, gueule d'aztéque, bohème, buveur, magnifique.

Il s'assoit sur le premier siège libre, le plus étonné étant son voisin de banquette.

Imagine toi, le Grand Pana, inventeur de 9 suertes à la cape, de 5 aux banderilles, de 7 à la muleta, de 2 à l'épée.

Des lettres : la passe de l'Aurore, la passe de l'Au-delà, el par de la Calafia : pose de banderilles Al Violin, mais dans le dos au Quiebro.

Calafia, nom de la mythique Reine negre qui dit-on donna l'appellation à la région américaine : la Californie.

Là assis à côté de toi.

Des actes : six toros graciés, six toros rentrés vivants, un toro estoqué au Portugal, là où c'est interdit, il sera expulsé du pays.

Parfait équilibre de sa bipolarité.

Des mots : comme ceux sur la plaque de bronze Puerta del Sol de la Monumental de Mexico- qui rappelle sa temporada 1978-1979.

Le point d'orgue, étant la grâce, le 10 décembre 1978 du toro Cariñoso de l'élevage Begoña (propriétaire Alberto Baillares). Ou lors de son retour en 2007, dans cette même plaza, le brindis aux Dames de petite vertu « qui ne m'ont jamais trahi, que Dieu les bénisse d'avoir tant aimé »

Des visions : Pana partage le nom de famille de Manolete : « Rodriguez » et, aussi le rêve cauchemardesque du torero cordouan : « Dans le monde, je sais qu'il y a un toro... ».

Des rêves : Un retour à Madrid, Las Ventas où il figura notamment avec Francisco Rivera « Paquirri » et Paco Ojeda devant des toros de German Gervas Diez, avec Frascuelo, chef de lidia (ancienneté oblige) comme à Guadalajarra en septembre 2014 en mano a mano.

Pendant ce temps, le car arrive à la finca, le maestro va toréer deux ou trois becerras, planter les banderilles...

Zoom arrière : coiffé d'une casquette comme celle arborée par James Coburn dans le film «  Il était une fois la révolution », il retourne de son pas chaloupé de Xamaco (gamin) de plus de soixante automnes, vers le burladero.

Plan large : repas, boissons, petites tables , photos, bavardages d'aficionados quelquefois irrévérencieux, sur l'âge, le physique, en aparté bien sûr.

Dans la vie comme devant le Toro : le plus dur à trouver, le sitio, puis la distance , le torero se retrouve toujours seul

j'ai attendu, l'ultime moment, après les abrazos de départ lors du retour à l’hôtel pour lui offrir un puro (Esplendido pour les connaisseurs).

J'émis le souhait que nous fumerions ce type de cigare lors de son retour madrilène : « gracias, si señor « dit-il avec raucité.

J'espère voir un jour à Tlaxcala un ex-voto représentant Rodolfo Rodriguez « El Pana » torero, cigare au bec, un verre de pulcre à la main (alcool de magey) remerciant la Virgencita pour sa miraculeuse guérison ;

Pana, gamin fut aide-croquemort, il déclara : » « je n'ai jamais eu peur de notre Mère Mort »

les grands toreros rematent toujours.

L'ami Gainsbourg affirme « Dieu est un fumeur de havane » un premier point d'entente en caso de que...

Dimanche 8 mai

jacques Lanfranchi

« El Kallista »

8 MAS

crédit photos

1 retour à Mexico 2007 photo Esto

2 journée au campo février 2016 E Lanfranchi Monleau